Situé sur un promontoire faisant face au plateau d’Angoulême, et surplombant le fleuve, le bourg de Fléac accueille une petite église accolée au doyenné.
D’abord placée sous l’autorité de l’abbaye bénédictine de Saint-Cybard d’Angoulême, puis de celle du chapitre cathédral dès 1110, cette église romane adopta le voutement en file de coupoles sur pendentifs pour la nef et le faux carré placé sous le clocher.
La surprise se révèle à l’intérieur avec de splendides peintures murales datées du 15ème siècle.
Elles se développent en frise sur toute la longueur du mur sud de la nef de la seconde travée jusque sur les dosserets, tandis qu'un morceau est conservé sur la partie ouest du dosseret sud, à 1,50m du sol.
Cette peinture avait son pendant sur le mur nord de la même travée (on voit encore des traces de couleurs) et continuait sur le mur de la travée droite.
Nous ne gardons qu'une partie de l'ensemble qui fut peint dans l'église.
Elles représentent des scènes de martyre de saints et un fragment isolé qui représente un moine tenant une sorte de massue.
Le fragment isolé sur la partie ouest du dosseret représente un moine identifiable à sa tonsure, vêtu d'un habit frustre simplement indiqué par un tracé noir épais, qui tient de la main droite un instrument de couleur jaune, sorte de massue au bout de laquelle se dresse des épines. Son visage a conservé sa couleur chair et l'on voit encore nettement le nez, les arcades et les oreilles signalés par un trait rouge fin. Seul la bouche a disparu. S'agit-t-il d'un martyr portant l'instrument de son supplice ? Cela s'accorderait avec la représentation évidente du martyre de cinq personnes sur le mur sud de la seconde travée.
La frise de personnages représente trois femmes portant des robes bleues pour deux d'entre elles et rouge pour la dernière, et en second plan deux hommes vêtus de hauts de chausses. Ces personnages sont debout sur un sol rouge délimité par un trait noir épais, et sur fond de rosettes à pétales rouges.
Plus loin le 1er martyr subit son supplice entre deux hommes. Une grosse colonne nettement appareillée sépare cette scène de la précédente.
Puis un martyr, attaché à une colonne de couleur verte dont le chapiteau porte un ange, est griffé par un instrument manié par l'un des 2 hommes qui l'encadrent.
Le 3ème martyr, suspendu par les pieds à un gibet de bois, est sur le point d'être plongé dans une cuve contenant, sans doute, un liquide. Il est de même encadré par deux bourreaux.
Le 4ème martyr est attaché à une colonne bleue au sommet de laquelle se tient un ange. Deux hommes le flanquent également.
Le 5ème martyr, allongé, est maintenu en suspension par deux tortionnaires qui semblent lui faire subir l'épreuve du grill ou du feu.
A l'exception du 1er, les martyrs se détachent sur un fond composé de lignes entrecroisées jaunes, rouges et bleues. Le 5ème est martyrisé dans une salle où se distinguent 5 arcs en plein cintre.
Bien que les couleurs aient gardé une belle teinte, l'ensemble a souffert jusqu'à l'effacement complet de détails qui auraient peut-être permis de mieux identifier les martyrs de la peinture murale. Par ailleurs cette frise s'intégrait dans un programme plus vaste, qu'il serait bien difficile de reconstituer aujourd'hui.
Au nord de l’église, s’élève le logis prieural daté du 13ème siècle. Il communiquait avec celle-ci par une petite porte. Il est construit sur un très vaste cellier vouté d’un berceau brisé.
Le saviez-vous
La côte dite de sainte barbe qui relie Angoulême à Fléac tire son nom d’une chapelle autrefois située au croisement des chemins de Hiersac et de Fléac. Cette petite chapelle, dédiée à Sainte-Barbe, aujourd’hui disparue. Ce petit édifice de dévotion, de plan carré, couver d'un plafond en bois, servait au 17ème et 18ème à conjurer la sécheresse : on s'y rendait en procession pour y célébrer la messe. Une statue acéphale dite de Sainte Barbe, que l'on adorait dans la chapelle, est conservée à la mairie de Fléac.